Avec la venue de Napoléon III en 1854, Biarritz devient une station balnéaire à la mode et cette réputation s'étend très vite au-delà des frontières. L'Angleterre victorienne y prend rendez-vous avec l'aristocratie européenne, et l'on voit naître au fil des années une clientèle d'industriels, de filateurs, de manufacturiers, qui apprécient cette région.
John Pennington-Mellor et sa jeune épouse d'origine américaine font partie de ceux là. Le couple dispose d'une fortune considérable, acquise dans les filatures de coton. Les Pennington-Mellor viennent très souvent à Biarritz, où ils logent d'abord au Grand Hôtel. John se lie d'amitié avec le banquier et vice-consul d'Angleterre Edmund Hooke Wilson Bellairs, et fonde avec lui le British Club de Biarritz, installé initialement rue Mazagran (ils participeront aussi, avec Lord Shand, à la création du Golf de Biarritz en 1888). En bons Britanniques, ils lancent la chasse au renard et, comme il n'y a pas de renards dans la région, ils en importent d'Angleterre !
Après quelques années passées au Grand Hôtel, où naît leur fille Hilda, Anne et John Mellor vont habiter la Villa Clémence où leur fils John-Evelyn voit le jour.
Dés lors, John souhaite s'implanter plus somptueusement au Pays Basque. En ce 20 septembre 1879, le couple va acquérir la superbe propriété de 25 hectares de bois, parcs et jardins, appartenant à la Comtesse More de Pontgibaud. Ils veulent y construire une magnifique villa, dans le style Old English des manoirs ruraux de l'Angleterre du Sud et en confient l'étude à l'architecte londonien Ralph Wornum. Penning-Mellor veut en faire un lieu grandiose, digne de recevoir les plus hautes personnalités européennes et anglaises en villégiature à Biarritz. Un domaine qui sera aussi un fabuleux instrument de relations publiques. Car, si sa fortune est immense, il ne possède aucun titre de noblesse. Peut-être pense t-il que ce lieu mondain attirerait sur lui l'attention de ses pairs. La reconnaissance de ses mérites par la Reine Victoria pourrait lui valoir un titre de Lord, affirmant ainsi la promotion de sa famille en la rendant solidaire de quinze cents ans d'histoire. Toujours est-il que deux ans après l'adjudication des travaux*, les Mellor organisent leur première réception.
La tempête qui sévit ce 12 septembre 1882 n'empêche pas les invités, parmi lesquels le duc et la duchesse de la Torre, le comte et la comtesse de la Rochefoucauld et la marquise de Villa-Mantilla, d'apprécier la situation incomparable de Françon face à la chaîne des Pyrénées et des monts Cantabriques. Chacun est sensible au raffinement des pièces. Le grand salon de réception, que l'on change à loisir en salle de bal ou en fastueuse salle de concert, a un plafond en voûte étudié pour une meilleure acoustique. Il est peint comme le sont les salles de spectacle du XVIII°siècle. Le parquet, tout en marqueterie, est compartimenté en panneaux originaux de dessins différents. De nombreux chandeliers sont disposés à coté d'immenses glaces, il y a très peu de meubles "...une salle de gala n'est faite que pour être remplie de monde..."disait John Mellor. L'escalier monumental, comporte, à mi-montée, un palier de lecture. Celui-ci est éclairé par de magnifiques vitraux, réalisés par le célèbre maître-verrier allemand Zettler. Ils relatent trois contes de Grimm : Blanche-Neige et les sept nains, Cendrillon et le Petit-Poucet.